En tant que chargée de développement à la CGPME Côte-d’Or, Carole Emourgeon a pour mission de convaincre les chefs d’entreprise de rejoindre l’organisation patronale. Une affaire qu’il faut savoir mener avec caractère, surtout lorsqu’on est une femme. Interview bien trempée.
Quelles sont les trois principales qualités de l’homme idéal pour vous ? En fait, j’en vois quatre : le charme, la générosité de cœur, l’humour et qu’il tienne ses promesses !
Le défaut qu’il n’a surtout pas ? Manipulateur… et autoritaire.
Le métier que vous n’auriez pas pu exercer ? Chirurgien !
C’est quoi une femme de caractère ? Une femme qui reste debout quels que soient les obstacles et les difficultés sur sa route. Une femme forte, qui continue d’avancer sans jamais abandonner.
Le truc qu’il ne faut pas vous demander de faire ? Prendre la parole en public.
La différence entre une femme et un homme chef d’entreprise ? Tout simplement : aucune ! Une femme peut être tout aussi brillante et performante qu’un homme, et même le dépasser ! La seule faiblesse, c’est leur minorité. Mais c’est en train d’évoluer.
Les chefs d’entreprise sont-ils machos ? Depuis douze ans que je les côtoie, je n’ai pas cette impression. C’est plus le pouvoir qui peut éventuellement engendrer du machisme. Mais quand on sait se faire respecter et mettre des limites, je reste persuadée que la question ne se pose pas.
Une femme chef d’entreprise est–elle facilement prise au sérieux ? Non, pas toujours. Il faut redoubler d’efforts pour démontrer son sérieux, ses compétences et ses qualités et se faire entendre. Bien sûr, la parité va dans ce sens, mais c’est long…
Avoir du réseau, c’est quoi ? C’est avoir accès à des personnalités qu’on ne rencontre pas tous les jours, avoir des canaux privilégiés pour faire entendre sa voix et ses valeurs en tant que dirigeant. Ça veut aussi dire ne pas rester seul et avoir accès à un vrai carnet d’experts (avocat, notaire, expert comptable, banques…)
Vous auriez aimé faire de la politique ? Non, mais je m’y intéresse car le monde de l’entreprise est lié au monde économique et donc politique. C’est très important pour mon métier, même si je suis écœurée par le copinage.
Si je vous dis : « les chefs d’entreprise ne pensent qu’à leur pognon », vous répondez quoi ? Les chefs d’entreprises prennent tous les risques, donc je trouve normal qu’ils gagnent de l’argent mais ils pensent avant tout à la pérennité de leur entreprise et au bien-être de leurs salariés. Ce ne sont pas les « salauds de patrons » que certains veulent bien penser !
Trouvez-vous qu’on en fait assez pour les entreprises en France ? Non ! La CGPME, qui représente 98% des TPE, PME et PMI, est exclue des aides financières la plupart du temps. Idem en ce qui concerne les charges et la fiscalité : ce sont ces entrepriseslà qui créent des richesses mais qui sont les plus étranglées ! Notre syndicat demande une baisse massive de tout cela pour leur redonner du souffle. Je crois qu’adhérer à un syndicat est incontournable et devrait même être obligatoire.
La bonne résolution de la rentrée ? Commencer mes lundis matin avec le sourire ! Je ne sais pas pourquoi mais les lundis sont toujours compliqués. Ça doit être universel…
Votre endroit préféré à Dijon ? La place de la Libération, que je trouve magnifique. Les jets d’eau, les pierres de Bourgogne, ses terrasses… Un endroit festif avec une vue imprenable sur le sublime Palais des Ducs.
La femme ou l’homme qui vous inspire un profond respect ? Toutes les femmes qui ont été précurseurs dans un monde masculin. Je pense à Elizabeth Blackwell, la première femme à avoir obtenu un diplôme de médecine en 1849, et devenue une obstétricienne reconnue. J’ai de l’admiration pour ces femmes qui à force de travail et de persévérance savent s’imposer dans un univers masculin.
Le secteur d’activité qui vous surprend à chaque fois ? Je trouve les start-up fascinantes. Les créateurs ont des idées qui révolutionnent le quotidien avec simplicité. Ils ont une certaine insouciance et se lancent souvent à l’aveugle ou presque, je trouve ça bluffant et enthousiasmant.