Nicolle Laborier est assurément une femme de caractère et de convictions. En tant que présidente des Zonta Clubs de France, cette pimpante soixantenaire basée à Dijon travaille pour donner une place plus juste aux femmes dans notre société. Interview bien trempée.
Photo : Christophe Remondière
Le métier que vous auriez rêvé de faire ?
Œnologue, mais quand j’avais l’âge du lycée on ne parlait pas de ce métier pour les femmes. C’est peut-être pour cela qu’aujourd’hui, j’ai intégré la confrérie des Gourmets de Marsannay, qui défend entre autres les vins de la Côte de Nuits.
Votre époque rêvée ?
J’ai eu la chance de vivre une société qui a apporté des avancées pour les femmes, mais n’est-on pas en train de faire machine arrière ?
La chose qu’il ne faut surtout pas vous demander ?
Faire bonne figure face à des personnes qui manquent de sincérité. J’aime la franchise.
Ça vous irrite si on écrit votre prénom avec un seul « l » ?
Oui, je tiens à mes deux « l » ! C’est l’orthographe que mon père a choisi à ma naissance, même si ce n’est pas tous les jours facile à porter.
La femme qui vous inspire un profond respect ?
Simone Weil pour son parcours pendant la guerre et pour tout ce qu’elle a fait pour les femmes en tant que ministre de la Santé. Et n’oublions pas qu’elle a été élue à l’Académie française. Pour moi c’est une grande dame !
Celle qui vous donne de l’urticaire ?
Lady Gaga, je n’apprécie pas ces femmes qui ne sont qu’apparence. Je les trouve « préfabriquées ».
C’est quoi au juste, une femme de caractère ?
Bonne question. Est-ce une femme qui ose affirmer ce qu’elle pense ? Qui défendra un dossier jusqu’au bout parce qu’elle y croit ? Qui affiche son opinion ? Qui ne se laisse pas marcher sur les pieds ? C’est peut-être tout cela à la fois…
Dijon, c’est une ville macho ? Non, je ne pense pas. À Dijon les femmes ont leur place, à elles de savoir la prendre.
Le combat pour la parité entre homme et femme est-il voué à un éternel recommencement ?
Ce combat pour la parité est surtout basé sur le respect de l’être humain et ce sont ces valeurs qui sont en danger… Il y a trente ans, nous avions fait une belle avancée. Aujourd’hui il y a une régression qui peut être dangereuse si l’on n’est pas vigilant.
Est-il plus urgent en France qu’ailleurs ?
Ce combat est urgent partout dans le monde, regardez autour de vous. Le Zonta International, qui a des représentantes à ONU Femmes, engage toutes ses adhérentes à être vigilantes.
Zonta veut « donner des ailes aux femmes ». Jusque-là, qu’est-ce qui les en empêche ?
Beaucoup de femmes dans le monde n’ont pas accès à l’éducation, à la santé, à la culture, au travail, à la sécurité. Zonta est une organisation internationale qui travaille activement auprès d’organismes comme l’Unicef et grâce au travail et à l’énergie de ses membres à travers le monde nous pouvons espérer voir un jour meilleur se lever. Mais quand ? En tout cas, nous ne baissons pas les bras.
Les 11 et 12 mars 2017, une grande assemblée des zontiennes de France se tiendra à Dijon. À ce propos, elles ont du caractère nos Dijonnaises ? Plus que les autres ?
Je pense qu’elles en ont, mais plus qu’ailleurs c’est difficile à dire. De par mes engagements associatifs, j’ai la chance de rencontrer des femmes de tous les pays, de toute nationalité et partout je croise des femmes formidables. Le Zonta défend leur autonomisation dans le monde entier. Nous voulons que les droits de l’Homme soient aussi les droits de la Femme.
C’est donc « les femmes avant tout » et « girl power » ?
Nous ne sommes pas des féministes acharnées comme certains voudraient le faire croire ! Nous sommes simplement des femmes qui avons conscience des inégalités et qui souhaitons agir pour les gommer progressivement. Nos clubs sont ouverts aussi aux hommes, mais ils sont rares…
À votre avis, pourquoi il n’y a pas plus de représentantes politiques féminines ?
Peut-être parce que les hommes ne leur laissent pas la place. Beaucoup de femmes en sont capables mais je trouve triste qu’il a fallu mettre en place des lois sur la parité.
Et les inégalités de salaire entre hommes et femmes ?
Cela ne se justifie pas, je trouve que c’est une profonde injustice. Les femmes dans notre pays peuvent faire les mêmes études que les hommes. Et à travail égal, elles doivent recevoir un salaire égal. Elles mènent de front leur carrière, assurent le rôle de génitrice, de mère de famille…En France, tous temps de travail confondus, les hommes gagnent 23,5 % de plus que les femmes. Près de 11 % des écarts de salaires entre les deux sexes sont inexpliqués et relèvent d’une discrimination « pure ».
La chose qui vous déçoit le plus en ce moment ?
Les résultats limités de notre système d’enseignement.
Votre bonne résolution pour 2017 ?
Essayer de garder mon optimisme malgré les difficultés que je risque de rencontrer à travers mes différents engagements associatifs. En bref, garder le sourire en toute circonstance !
Enfin, celle que tout le monde devrait prendre ?
La tolérance et le bien vivre ensemble !