C’est sans tabou que la Côte-d’Orienne Isabelle Ortic aborde le délicat sujet de la procréation médicalement assistée (PMA). Dans son ouvrage Comme deux gouttes d’eau, cette super maman revient sur le parcours du combattant qu’a vécu son couple avant de connaitre la joie d’une naissance.
C’est finalement l’histoire de beaucoup d’autres couples. Ils s’aiment, veulent construire ensemble un projet d’avenir, l’enfant qui va avec… mais dame nature n’en fait qu’à sa tête. « Nous avons essayé sans succès, avant de faire des tests qui ont révélé que mon conjoint avait un souci. » Isabelle Ortic raconte sans détour mais avec une pudeur naturelle cette aventure vers la parentalité. Une aventure résolument éprouvante, un malheur n’arrivant jamais seul : le couple tente plusieurs fécondations in vitro intra-conjuguales, connait les joies de deux grossesses… puis l’horreur de deux fausses couches.
INCERTITUDES
Courageux, il fera finalement appel à un donneur tiers en Espagne, « les délais étant plus courts qu’en France » et le nombre de donneurs plus important « car ces derniers sont rémunérés ». Cela soulève au passage une question éthique. Mais la solution est peut-être là, le nombre de dons en France étant assez faible au regard de la demande en constante hausse. Après cinq ans d’épreuves, Isabelle est donc partie de l’autre côté des Pyrénées pour une dernière tentative. Concluante, enfin. « La grossesse est allée à son terme et nous avons eu deux bébés pour le prix d’un en quelque sorte », sourit la maman comblée de jumeaux en pleine forme, qui a fini par faire de son histoire un récit. Son livre, sorti en 2013, s’appelle Comme deux gouttes d’eau. Pour faire entendre un message dans une « société où la femme a le sentiment de maitriser sa vie et de pouvoir décider quand elle aura un enfant » : la vie est pleine d’incertitudes.
La jeune maman aujourd’hui domicilée à Saint-Philibert, près de Gevrey-Chambertin, ne fait pas dans le récit larmoyant et use même parfois d’humour pour dédramatiser cette impression d’impuissance, de culpabilité aussi, alors qu’elle a fait « tout ce qu’il faut mais que ça ne prend pas ». Elle raconte aussi la vie rythmée par les FIV, les injections, les rendez-vous médicaux, les doutes. Jusqu’à la joie ultime. Ses enfants ont une idée de ce parcours puisque le couple « ne voulait rien leur cacher. Nous leur avons expliqué, avec nos mots, que nous avions dû utiliser d’autres graines que celles de papa », dit encore cette professeure des écoles. Bien sûr, celle qui a mené de front ce parcours du combattant pense aussi aux femmes et aux hommes qui traversent les mêmes épreuves. Elle espère les rassurer, un peu, et poser sur la table la question du don, « car le sujet est méconnu ou tabou car il peut susciter de la gêne ».
Après sa grossesse, la jeune femme a d’ailleurs choisi de faire un don d’ovocytes pour un couple d’amis. « Les délais sont plus courts quand on amène une donneuse. Pour moi, ça n’a pas été dur physiquement mais plutôt dans l’organisation. Puis, c’est un don pour la vie, c’est inestimable, ça transcende tout ! » Personne n’ira la contredire. Surtout pas ses deux charmantes têtes blondes.