Aline Bonnet, la capitaine des Gazelles dijonnaises, fait le bilan d’une superbe saison marquée par une montée en Fédérale 1 en dépit d’un titre de championne échappé de peu. Présente depuis onze saisons, l’emblématique demi d’ouverture est définitivement une nana qui sort de la mêlée puisqu’elle est aussi très engagée dans les associations dijonnaises. Petite interview entre les poteaux.
On peut dire que tu es la maman de l’équipe. (Rires) Un peu ! J’ai rejoint les Gazelles pour la saison 2005-2006. Ça fait un bout de temps, mine de rien. J’ai commencé le rugby vers 8 ans à l’école de rugby de Chablis, avant une courte interruption pendant ma période collège/lycée. Puis, j’ai repris à la fac pour ne plus lâcher.
Tu pratiques aussi l’haltérophilie. Et le repos ? Connais pas !
Monter en Fédérale 1, ça change beaucoup de choses pour un club comme les Gazelles ? C’est sûr ça va nous changer… Après, les Gazelles en ont déjà fait l’expérience ! Je suis confiante.
L’esprit troisième mi-temps au rugby, c’est aussi vrai chez les femmes ? C’est encore mieux ! (sourire)
Le rugby féminin se développe, notamment ici à Dijon… Je n’en pense que du bien. On aimerait qu’il se développe davantage… D’ailleurs, les Gazelles recrutent !
En général, es-tu satisfaite du traitement que l’on réserve au sport féminin ? Ah, ça… Un peu plus d’intérêt et de reconnaissance seraient bienvenus. Surtout au niveau des médias, en fait. J’ai en tête dernièrement l’Équipe, qui n’avait même pas fait mention du titre féminin de Roland-Garros sur sa Une.
Pour certains, un sport « physique » féminin est un sport de « bourrines ». Tu confirmes qu’on peut être une guerrière sur un carré vert et rester femme et féminine en dehors ? Bien sûr ! Chacun peut venir le vérifier le dimanche à 15 heures. Tout le monde est le bienvenu.
Il est vraiment utile ce protège-dents chez les filles ? Ah oui ! Pour un sourire ultra bright en toute circonstance. (rires)
Tu joues demi d’ouverture. À quoi ça peut bien servir ? Bah c’est vrai ça, maintenant que j’y réfléchis… Peut-être à envoyer quelques ballons d’attaque aux copines des lignes arrières, organiser la montée défensive, trouver des solutions de jeu, dégager son camp dans les moments difficiles… En fait ça sert !
Être capitaine, cela rajoute des responsabilités. Oh que oui ! On est pas mal sollicitée, mais c’est une vraie fierté.
Le geste technique que tu préfères ? La passe avant contact.
Un cri de guerre d’équipe ? Ichon !
On te surnomme « Coquillette »… Top secret de 3e mi-temps !
Il est bon, ce vin spécial Gazelles ? Pour sûr ! C’est une cuvée spéciale de Jérôme Chezeaux, viticulteur à Premeaux-Prissey et papa de mes coéquipières jumelles Lyse et Léa. Du coup, on peut plus facilement arroser les victoires. Vive la Bourgogne !
Le meilleur souvenir de la saison ? Notre quart de finale à Toucy. L’avant-match fut très émouvant, et l’après très vivant.
La plus grosse déception ? Cette défaite en demi-finale… Vu le groupe soudé de cette saison, on aurait mérité cette finale.
L’adversaire le plus fort ? Vitry. Une équipe similaire à la nôtre, avec des scores toujours très serrés.
Le déplacement le plus mémorable ? Retour déguisé lors du dernier match de la saison, malgré la défaite à Vincennes. La plus mauvaise perdante ? Je ne sais pas trop… Peut-être Laet, qui n’aime vraiment pas perdre.
La plus chambreuse ? Les p’tiotes Lola (Couturier) et Clem (Joliveau)… Laetitia Roustan se défend aussi !
La plus coquette ? Lola !
Enfin, y’a pas que le rugby dans la vie. Il paraît que tu travailles dans une asso pour handicapés. Parle-nous en. Je travaille au dispositif sensoriel et moteur du Clos Chauveau, à Dijon. C’est une structure qui accompagne, entre autres, des élèves déficients visuels dans leur scolarité et dans leur accès à l’autonomie. Je travaille aussi dans une association pour des adultes déficients visuels. J’y suis instructrice de locomotion… Pas très connue comme fonction !
… Mais aussi essentielle qu’une demi de mêlée sur un terrain.