La place des femmes dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration progresse. Plus visible, plus médiatisée, décomplexée et entreprenante, la nouvelle génération fait bouger les mentalités dans ce secteur autrefois majoritairement masculin. Le point avec Isabelle Grandin, secrétaire générale de l’UMIH Côte-d’Or.
Par Hélène Le Héno Photo : Christophe Remondière
En matière de parité hommes-femmes, le secteur CHRD (pour les cafés, hôtels, restaurants et discothèques) n’est pas le dernier de la classe. » C’est une femme qui le dit. Et pas n’importe laquelle. Isabelle Grandin est secrétaire générale de l’UMIH Côte-d’Or, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. Autant dire qu’elle connaît son domaine d’activités sur le bout des doigts et qu’elle l’a vu évoluer depuis 1995, date à laquelle elle a pris ses fonctions. Dijonnaise d’adoption, cette Creusotine est l’une des témoins départementaux privilégiés du secteur de l’hôtellerie et de la restauration.
À l’UMIH Côte-d’Or, elle est en contact direct avec les adhérents qu’elle informe et conseille en matières juridique, fiscale, sociale ou environnementale. Elle les représente et les défend auprès des pouvoirs publics et des instances économiques et interprofessionnelles. Elle est donc en première ligne pour constater les changements, comme pour recueillir les attentes des acteurs concernés face à l’actualité (allergènes, accessibilité des handicapés, nouvelles normes…).
L’hôtellerie progresse
En ce qui concerne la mixité, le secteur hôtelier n’est pas encore un exemple parfait. Mais il s’applique à le devenir. Son taux de féminisation est en hausse. Isabelle Grandin constate que si « les femmes sont très présentes traditionnellement à l’accueil ou aux étages, comme réceptionnistes, femmes de chambre ou gouvernantes, elles commencent aussi à accéder de plus en plus à des postes d’encadrement ». Si ces derniers restent encore généralement une affaire d’hommes, les exceptions féminines augmentent. Avec, parfois, des parcours atypiques et des évolutions exemplaires. Et la secrétaire générale de l’UMIH Côte-d’Or de citer les exemples de deux Dijonnaises à la tête d’un établissement hôtelier : Isabelle Gorecki, venue des ressources humaines, dirige l’hôtel Philippe le Bon depuis 2004, et Sandrine Gogumus, passée par la médecine nucléaire et l’industrie de l’énergie, est la gérante de l’hôtel du Palais.
La restauration se féminise
Depuis quelques années, les femmes sont de plus en plus visibles dans la restauration, un milieu plutôt réputé masculin et conservateur. Elles ont réussi à se faire une place à tous les postes, y compris en cuisine. Les émissions télévisées culinaires, Top Chef ou MasterChef, ont contribué à faire évoluer les mentalités. Ainsi que les exemples des « cheffes » étoilées, comme Hélène Darroze ou Anne-Sophie Pic.
« Après une longue hégémonie masculine, la place dévolue aux femmes dans la restauration a considérablement augmenté. À une époque, le métier de cuisinier était réservé aux hommes, dans un milieu assez machiste, physique et mental. Maintenant, l’univers de la cuisine s’ouvre de plus en plus aux femmes. Tout comme la sommellerie », remarque Isabelle Grandin. À Dijon aussi, les femmes investissent la cuisine des restaurants, à l’instar de Vanessa, à la Causerie des Mondes, de Sophie, chez Copains, ou de Meriem, au Palais dit Vin. Ainsi que de Céline Dedinger, la nouvelle « cheffe » de la Maison des Cariatides, en poste dès janvier 2018 pour remplacer Angelo Ferrigno.
« Ce qui est certain, c’est que ce sont des métiers de passion. Et les femmes de la nouvelle génération ont su conquérir leur place derrière les fourneaux de la restauration traditionnelle en apportant leur différence et leur style associant savoir-faire et féminité. Avec persévérance, elles ont enfin fait école, en France et dans toute l’Europe, attirant l’attention des médias, remportant des étoiles », rajoute Isabelle Grandin, pour qui le secteur des CHRD, qui recrute en Côte-d’Or, est l’un des rares où l’on peut progresser sans diplôme. « Il existe vraiment un ascenseur social comme nulle part ailleurs ». Un secteur très ouvert, où tout est possible. Y compris pour les femmes.
L’umih en bref
Depuis plus de 65 ans, l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) rassemble et représente les professionnels indépendants hôteliers, restaurateurs, cuisiniers, cafetiers, traiteurs, exploitants d’établissements de nuit et d’activités saisonnières. Elle est présente partout en France avec plus 100 fédérations départementales, 2 000 élus et 300 collaborateurs. L’UMIH Côte-d’Or compte 700 adhérents et est active sur tout le département.
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